Livre édité par les Editions de la rue nantaise
Synopsis:
En automne 1928 en Champagne...
Le Comte et la Comtesse résident dans un vieux château comprenant des hectares de vigne et qui appartiennent à la Comtesse.
Quant au Comte, il n’a hérité que des terres.
Ils vivent avec une intendante, Réjane, très proche de la Comtesse et une très jeune bonne, Blanche.
Constance n’a jamais pu avoir d’enfants. Elle a adopté sa nièce, Fleur, qui a perdu ses parents très jeune mais qui, malheureusement, a été assassinée à l’orée d’un bois le jour de ses neuf ans…Un jour, la Comtesse reçoit une lettre anonyme d’une personne disant connaître un lourd secret de famille.
Critique :
Lydia Bonnaventure : Mes Promenades
Culturelles.
Parce qu'il est des livres qui sont un véritable rayon de soleil... un petit bijou dans ce monde littéraire où sévissent bon nombre d'écrivains « commerciaux » (non, je ne nommerai personne. De toutes façons, tous ceux qui me connaissent savent déjà de qui je veux parler) … je tenais à vous parler de cette pépite qu'est la pièce de théâtre de Katia Verba, Le château de Montgueux ou le secret éventé. N'y voyez aucune référence médiévale (encore que le nom peut prêter à sourire une fois la pièce lue), il s'agit d'un château situé en Champagne. L'histoire se passe dans l'entre-deux-guerres. Ici encore, Katia Verba joue sur le huis-clos, avec autant de brio que dans sa pièce Manoir sous haute tension sur l’île de Man. Et ce huis-clos, faisant évoluer ici des aristocrates, n'est-il pas justement mimétique de leur petit monde ? Comtesse révoltée et, surtout, fragilisée par la mort terrible de sa fille adoptive, Comte indifférent, Baronne volage, Bonne inculte, Intendante exemplaire... tous les ingrédients sont réunis pour faire une comédie au sens strict du terme. Oui, mais voilà, le schéma semble bien trop facile...
A mi-chemin entre Molière pour le côté comédie et Henrik Ibsen pour les réparties et le côté dramatique, cette pièce sentimentale ne mène pas le lecteur là où il croit aller. Et c'est justement ce qui force l'admiration. C'est là que l'on reconnaît tout le talent de la dramaturge. Je ne peux pas en dire trop sous peine de dévoiler l'intrigue. Ceci dit, sous des dehors légers, ce texte propose différents degrés de lecture très intéressants. Peu d'auteurs se sont frottés à la comédie dramatique sans s'être heurtés à des écueils de taille : ton trop badin, pathos trop prononcé, style ampoulé... Katia Verba est bien au-dessus de tous ces obstacles et manie la plume avec un talent indéniable. La lecture est un pur bonheur. Et je ne parle même pas des références culturelles : l'Affaire des Poisons, Goldoni... On referme cette œuvre et on se dit que finalement, on n'avait rien vu arriver. Chapeau bas !
Extrait :
Réjane, prend une lettre en dessous du paquet : Vous avez reçu une lettre qui m'a fort intriguée. Il n'est pas mentionné l'adresse du château et pour tout vous dire, je l'ai retrouvée sous la porte d'entrée. Il y est indiqué juste votre prénom. C'est pour le moins étrange et fort malpoli, vous en conviendrez.
Constance : Les bonnes habitudes se perdent... Une personne empressée, je suppose, l'avez-vous ouverte ?
Réjane : Mon Dieu, non !
Constance : Eh bien, ouvrez-la Réjane, je vous en prie.
Réjane, hésitante : Mais...
Constance : faites donc ! De quoi avez-vous peur ?
Réjane : C'est écrit en violet ! Personne n'écrit avec cette couleur ! Excepté les sorciers ! Vous savez, comme la devineresse la Voisin ! Vous en avez entendu parler, Madame la comtesse, c'était une sinistre empoisonneuse du XVIIe siècle.
Constance : L'illustre la Voisin, veuve Montvoisin, de son vrai nom Catherine Deshayes !
Réjane : C'est cela même.
Constance : Oui, la grande affaire des poisons qui défraya la chronique... Saviez-vous que cette célèbre empoisonneuse a appris la chiromancie et la physiognomonie à l'âge de neuf ans ?
Réjane : Si jeune ?
Constance : Par ailleurs, il n'était pas rare de la voir à la Sorbonne pour discuter du bien-fondé de l'astrologie. Il y avait une chaire de cette science à l'époque. Peu de personnes le savent...