Jeu de dupes et faux-semblants
1999
Après une séparation, un couple décide de passer les vacances de la Toussaint dans leur maison familiale en Irlande, à Waterville, dans le comté du Kerry. Fergus O’Malley est irlandais, doté d’un caractère impossible, maniant volontiers un humour sarcastique ou — devrions-nous dire — un cynisme hors pair. Clothilde, sa ravissante épouse française, est née Castel de Saint-Mirant, issue de la bourgeoisie française. Elle semble subir difficilement le caractère ombrageux de son époux. L’arrivée d’une « chief inspector » à la recherche d’un escroc notoire, et celle plus improbable d’un personnage sous les traits d’un homme séduisant, auquel va s’ajouter la cocasse Brenda, vont rendre le séjour quelque peu mouvementé…
"Jeu de dupes et faux-semblants" de Katia Verba - Entre charme à l'anglaise et savoureux jeu d'apparences...
14 Aug 2016
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Théâtre, vous avez dit théâtre ? Ce genre désuet qui n'intéresse plus personne depuis l'invention du cinéma ? Ce loisir cher qui demeure un genre particulier, étrangé aux jeunes générations qui n'en savent quelque chose qu'à travers leurs barbantes lectures scolaires ? Oubliez tous vos préjugés, ici, ce n'est pas du théâtre, c'est un morceau de bravoure qui méritait un minimum d'attention et quelques éloges au passage !
Jeu de dupes et faux-semblants, de Katia Verba, n'est pas seulement une excellente pièce de théâtre très bien écrite, elle est plus que cela. Non seulement l'intrigue est extrêmement bien ficelée, à l'instar d'un roman policier en développement, mais les personnages sont aussi atypiques que déconcertants.
Tout d'abord, Fergus O'Malley, au caractère bien trempé, misogyne, égoïste, fourbe, menteur, trompeur, manipulateur, mais que nous finissons par apprécier malgré sa cruauté et son acerbe répartie. Il incarne le mâle aimant à avoir une totale emprise sur son épouse sans qu'il n'accepte la moindre critique sur son propre comportement. Une classe irlandaise qui implique que le personnage en face soit assez coriace pour pouvoir lui répondre et le remettre à sa place. Homme faible de chair, mais redoutable d'esprit, Fergus O'Malley prend de la place sur scène, faisant tantôt frissonner le lecteur d’incompréhension, tantôt d'humour.
Et qui ose lui tenir tête avec élégance et dextérité ? Son épouse, Clothilde, dont le raffinement français se retrouve parfois écrasé par la poigne irlandaise, mais qui arrive toujours à reprendre le dessus. Un combat d'animaux affamés livré sans merci sur une scène de théâtre, entre règlements de compte domestique et révélations à en faire trembler les planches. Et Clothilde, qui est-elle ? Une femme élégante qui se demande bien souvent ce qu'elle fait avec un homme comme Fergus, qui la désabuse et la fait souffrir, trame classique des couples en crise qui restent malgré tout sous le même toit. Mais si vous pensiez avoir affaire à une victime, détrompez-vous, Clothilde sait-elle aussi très bien manier l'art du mensonge et de la duperie...
Sans parler de Jérémy, homme séduisant qui, tout comme l'envahissante Brenda, viendra mettre un peu de piment dans cette pièce. Et la chief inspector, Ethel Brady, qui se mêle avec effronterie aux affaires des autres. Le jeu des apparences y est donc parfaitement bien mené, le jeu de dupes se met en place avec sournoiserie et les faux-semblants ne sont pas là où nous le pensions. Ce sont d'ailleurs les chats qui finissent par se faire dévorer par leur proie...
Jeu de dupes et faux-semblants est donc une pièce à lire et à voir, non seulement pour la richesse de l'intrigue à multiples fils conducteurs, que pour l'écriture d'un réalisme frappant. Les personnages prennent littéralement vie sous nos yeux de lecteurs et, nous l'espérons, de spectateurs. Une pièce moderne, vive, pétillante et étonnante, dans laquelle Katia Verba arrive à nous aveugler comme un tour de magie très bien réussi, pour mieux nous révéler le final, éblouis et dupés.
Mais la pièce trouve aussi toute sa force et son charme dans ce côté chic et anglais, qui situerait aisément l'histoire en 1930 où bien à la fin du XIX ème siècle, plutôt qu'en 1999. Si quelques éléments contemporains ne seraient pas venu interrompre cette impression, la pièce aurait fait illusion. Une élégance à l'anglaise, clinquante et teintée d'humour noir, que nous dévorons avec avidité sans même nous en rendre compte. Un très bon moment !
Un grand merci à Katia Verba et à sa maison d'édition pour l'envoi de ce Service Presse
AUTRE CHRONIQUE : Chronique par Karen Platel - RédacNet - www.redacnet.com
Clothilde et Fergus, séparés, décident de passer les vacances de la Toussaint dans leur maison familiale en Irlande, à Waterville, dans le comté du Kerry. Ils projetaient de redonner un second souffle à leur couple. Mais, c’était sans compter sur l’irruption intempestive d’Ethel Brady, « chief inspector » à la recherche d’un escroc notoire, du séduisant Jeremy, et de la cocasse Brenda, qui vont quelque peu « animer » leur séjour.
Dans ce Jeu de dupes et faux-semblants, Katia Verba nous présente, une fois de plus, une intrigue à rebondissements extrêmement bien ficelée qui n’a rien à envier au genre romanesque ou au septième art. L’humour grinçant, marque de fabrique de l’auteure, vient rythmer et pimenter l’intrigue et se pare d’une seconde couche de tendresse, rendant les protagonistes attachants.
La femme, le mari et l’amant… Jusque-là, rien d’anormal… Mais l’auteure nous entraîne, au gré de son inspiration, de révélation en révélation, sur fond de règlements de comptes et renouvelle les codes. Dans cette comédie grinçante, Katia Verba parvient, en effet, à éviter l’écueil de la caricature grâce à de subtils dosages et une intrigue qui finalement nous laisse aussi dupés et à bout de souffle que les protagonistes.
Soignant minutieusement les dialogues et la psychologie des personnages, l’auteure nous présente en plus du couple phare, un trio de personnages, Ethel Brady, Jeremy Martin et Brenda Scott, tout aussi remarquables de réalisme et d’intérêt les uns que les autres. Car, dans les pièces de Katia Verba, il n’y a pas de « personnage secondaire ». Que les acteurs qui viendront postuler pour un rôle le sachent !
Et puis ce sens, cet art de la repartie ! Elle nous offre un florilège de répliques savoureuses. Cette dispute conjugale à la « je t’aime moi non plus » prend des allures de joute oratoire émaillée de propos croustillants à noter quelque part et à ressortir dans les grandes occasions. Mais, l’auteure ne cède pas à la facilité et lorsque le couple se lance des vérités à la figure, il n’y a ni bassesses ni vulgarité, qui auraient pu devenir lassantes à force d’être agressives et attendues.
Allez, zou, au placard la fidélité… avec l’amant ! Finalement, n’est-ce pas cela le véritable amour : savoir pardonner à l’autre ses faiblesses, ses défauts et… ses incartades ? Et si, pour une fois, ce n’était pas forcément le mari le dindon de la farce ? Mais chut, je n’en dirai pas plus…
© Karen Platel – Rédactrice, correctrice, conseillère en écriture – www.redacnet.com
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